De l'addiction au bien-être : mon rapport au sport !
Hello à toi,
La dernière édition (avant de faire péter les bulles et les paillettes 🥂) était l’occasion de faire le bilan : ce que je retiens de 2022 et quels projets pour 2023
Aujourd’hui j’ai décidé de te partager une réflexion personnelle sur quelque chose qui a rythmé ma vie ces dernières années : le sport.
Plus précisément , j’ai envie de te raconter comment mon rapport au sport a évolué, comment ça a impacté le rapport à mon corps, mon mental ou encore mon équilibre …
Pourquoi ?
parce que comme Stan Gruau (oui encore lui) le dit dans le dernier épisode de Generation Flow :
“Le sport ce n’est pas un hobby ou une passion, c’est le reflet de où tu en es dans. ta vie”.
D’ailleurs, si le sujet t’intéresse, alors le dernier épisode de Génération Flow est pour toi :
J’interview Silehm Boussehaba, recordman de planche lesté et coach performance.
Il nous raconte son parcours : du breakdance à la prépa mentale, en passant par une grave blessure qui l'amènera à s'entraîner en planche, jusqu'au records du monde 🥇
Il nous partage aussi son rapport au mental, et ses meilleurs conseils pour performer (et pour être heureux).
Allez, c’est parti :
“Le sport vs Roro”, Préface :
Du handball au Crossfit en passant par la danse, la course à pied, ou encore le surf.
Mon histoire avec le sport a beaucoup changé, par moment en bien, à d’autres moments moins, mais sans jamais vraiment m’en rendre compte … jusqu’à ce que je prenne le recul (et le temps) pour t’écrire ces lignes.
Je veux te partager mon expérience pour qu’elle puisse t’inspirer, te motiver ou peut-être te faire réfléchir sur ta propre relation au sport.
Parce que ce qui se cache derrière nos entraînements, notre pratique, a souvent bien plus de signification que ce que l’on croit.
Depuis que je suis jeune, j’ai toujours fait du sport.
Mais pas toujours pour les bonnes raisons.
J’ai eu une adolescence, et je le dis avec du recul aujourd’hui, vraiment pas simple.
Mon père souffrait de troubles psy, j’ai grandit très vite.
J’ai pris beaucoup de responsabilités jeunes, malgré une mère incroyable, une famille très présente, j’ai vite ressenti le besoin d’être en contrôle de la situation.
J’ai pris sur moi, je me suis responsabilisée, j’ai sacrifié une partie de ma vie et surtout de mon âme d’enfant dans cette histoire.
Terrain neutre
À cette époque, le sport était pour moi une forme de refuge, une zone de sécurité dans laquelle je ne pensais plus à ce qu’il se passait à la maison.
C’était pour moi un terrain de jeu, où je pouvais lâcher-prise.
J’ai fais 15 ans de handball et juste le fait de venir à l’entraînement sans avoir à penser à ce qu’on allait faire, à suivre les consignes de l’entraineur. A rire, à “bitcher” ou à faire la con avec des filles de mon âge.
Même si parfois je me sentais en décalage avec leurs centres d’intérêts, leurs façons de penser, leurs problèmes d’ado … ça me faisait du bien d’être en terrain neutre, le ballon à la main, tout devenait plus simple.
Il y a un peu plus de 10 ans, quand mon père nous a quitté, je me suis accrochée au sport comme une bouée de sauvetage. Je voulais rester forte, j’avais peur de souffrir si je ne l’étais pas.
Je vidais mes émotions dans le sport et j’en ai fais une partie de moi.
Aujourd’hui je me dis que j’ai donné au sport toute la place que mon père avait laissé.
J’ai cherché à combler notre relation par celle avec le sport.
J’ai retrouvé dans le sport la confiance, la fierté que j’avais perdue.
Le sport c’est aussi une des rare chose que je partageais avec mon père, nos seuls moments de complicité vraiment … alors je m’accrochais à ça pour ne pas oublier, pour ne pas l’oublier.
À chaque fois sur le terrain, je pensais à lui, je le voyais dans les tribunes et je me bâtais pour lui, pour la victoire, pour le rendre fier.
Combler un vide
C’est vrai, le sport complait un vide. Puis est venu le tour de la nourriture.
En école de commerce, je suis partie en échange aux Etats unis, certainement pour fuir une partie de ma vie, prendre un nouveau départ.
Je suis partie seule, je me sentais seule au fond de moi, et j’ai trouvé du réconfort dans la nourriture.
Je mangeais plus que nécessaire, je n’arrivais plus à m’arrêter, le perdais le contrôle, je capitulais …
Logiquement j’ai commencé à prendre du poids, mon corps changeait aussi, je devenais une femme et je n’acceptais pas mes formes.
Au collège j’avais eu des amies anorexiques … elles se privaient de manger et quand elles mangeaient un peu “trop”, elles se faisaient vomir.
Moi je n’arrivais pas à arrêter de manger, parce que j’avais trop besoin de me remplir, de remplir ce vide : le vide de mon père, celui d’un cercle amical que j’avais eu du mal à construire parce que mon attention n’étais jamais vraiment là, le vide d’amour …
Alors à défaut d’arrêter de me remplir, j’ai commencé à me faire vomir.
Je suis devenue boulimique.
J’ai détruit ma confiance en moi à ce moment là, mais aussi mon organisme, ma flore intestinale et aujourd’hui j’en paye encore le prix (je t’en parlerai une prochaine fois).
Un jour une amie a compris ce que je faisais, alors elle m’a proposé d’aller courir à chaque fois que je craquais avec la nourriture.
C’est ce qu’on a fait.
Marta si lees esto , gracias <3
J’ai commencé la course à pied pour ne pas grossir.
Finalement, c’était juste une autre forme de compensation.
Je te parle de ça à l’époque de la mode des filles maigres dans les magazines, des standards de beauté complètement stupides et dangereux pour notre santé.
Bref, je me battais en permanence contre mon besoin de me jeter sur la nourriture, et ma phobie de prendre du poids.
J’ai aussi commencé la musculation, parce que je ne pouvais pas courir tard sur le campus et que la salle était ouverte jusqu’à minuit.
Souvent, j’étais la dernière à partir.
À mon retour en France, j’étais complètement accro.
Grâce ou à cause de la muscu, j’ai commencé à avoir un physique de sportive, ou plutôt de “bonhomme” selon mes proches …
Je me prenais des remarques qui m’ont énormément blessé et ont encore fragilisé mon estime à cette époque.
Alors je courrais encore plus … et j’ai commencé à faire des régimes.
Tous les jours, tout le temps.
Parfois à me priver de manger, à ne plus avaler un seul glucide et boire des jus de légumes …
Et au moins une fois par mois, je pétais un câble :
Je craquais, je me jetais à nouveau sur tout ce qui était sucré et gras.
Tu connais peut-être le concept de Yoyo, c’était exactement ça. Je reprenais tout le poids perdu, d’un coup.
Je déprimais à nouveau, je repartais en régime et ainsi de suite …
Je calculais ce que j’allais manger en fonction du sport que j’allais faire, et inversement j’allais courir le soir quand j’avais trop mangé.
J’ai repris la danse à ce moment là, j’en avais fait plus petite.
Pour le coup, je n’en faisais pas pour perdre du poids, mais par plaisir.
Sauf que je me comparais aux autres filles … je ne m’aimais pas, je n’assumais pas mon corps … alors je mangeais encore moins pour leur ressembler.
ps : j’étais loin d’être grasse.
Le sport pour exister
Avec les années, le sport n’était plus seulement mon refuge, mon sauveur, c’était aussi mon bourreau.
Je suis passée par une phase de bigorexique (je le suis peut-être encore …)
La bigorexie est une trouble psychologique d’addiction au sport.
Un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activité sportive et physique, en but d’obtenir des gratifications immédiates, et ce malgré les conséquences négatives sur le long-terme sur la santé physique, psychologique et sociale de l’individus.
Récemment j’ai compris que cette bigorexie etait aussi extrêmement liée à notre égo, à un manque d’estime de soi.
Quand notre estime se base sur des pilliers déséquilibres, comme ma relation au sport, alors on n’a l’impression qu’on ne peut pas s’arrêter.
Ralentir le sport revient à ne plus exister, ou pas de la bonne façon.
C’est une relation malsaine et d’ailleurs bien souvent (comme dans mon cas) liée à des troubles alimentaires.
J’ai quitté Dijon pour Grenoble (pour mes études) et Paris (mes stages) : je n’avais plus le temps de m’entraîner en club, j’avais laissé mon groupe de danse. Alors j’ai commencé à m’entraîner seule.
Parce que c’était plus pratique (et aussi moins cher) : course à pied et fitness rythmaient mes journées.
Le sur-entraînement m’a amené à me blesser … et évidemment je gérais très mal la blessure.
Je la vivais à chaque fois comme une catastrophe, je déprimais … je mangeais … j’avais du mal à reprendre parce que je n’étais plus en forme, ni physiquement, ni mentalement.
J’étais dans un cercle vicieux et je ne prenais même plus de plaisir à l’entraînement.
Changer de perspective
En 2019, j’ai commencé le Crossfit … avec au départ ce même objectif, d’en faire encore plus.
Sauf que le Crossfit a transformé ma relation au sport, et par la même occasion à la nourriture.
Dès les premiers entraînements, on m’a parlé d’équilibre calorique, de “carburant” pour le corps, d’apports pour les muscles.
J’ai fini par changer de perspective :
On ne faisait pas du sport pour compenser ce qu’on mange.
On mange mieux (peut-être même plus) pour pouvoir faire du sport et apporter à notre corps ce dont il a besoin.
Je ne regardais plus mon poids sur la balance, au contraire je prenais du poids parce que je me musclais.
Mais je me sentais de mieux en mieux dans mon corps.
J’acceptais ce physique de sportive, au contraire j’en étais de plus en plus fière.
Au final, mon corps n’est que le reflet des efforts et de la persévérance que je mets dans un sport …
Avec le CrossFit, j’ai eu l’impression de me transformer intérieurement en même temps que mon corps changeait, et de la bonne façon.
Au delà du rapport au corps et à la nourriture, j’ai retrouvé certaines choses qui me manquaient des sports collectifs :
le fait de donner la responsabilité de son entraînement à un coach, de se libérer de cette charge mentale.
l’esprit d’équipe, la bienveillance, l’entraide, le partage …
la diversité des profils, des physiques, le non-jugement
Le CrossFit m’a aussi introduit cette notion de bien-être de santé, de longévité, en parallèle de celle de performances.
Ce serait mentir que de te dire que je ne pense plus du tout aux calories, que je m’entraîne seulement par plaisir.
Bien-sur je suis contente d’avoir un entraînement de prévu quand je craque un peu trop sur la nourriture le midi.
Bien-sur je suis frustrée quand je n’atteins pas les objectifs de performance que je me fixés.
Et c’est normal.
Mais aujourd’hui Je ne me rend plus malade si je ne peux pas m’entraîner, d’ailleurs parfois je décide de ne pas m’entraîner parce que mon corps n’en a pas la force, et c’est ok.
Résultat : je me blesse moins.
J’ai tissé des liens forts avec les membres de ma communautés sportive, certains sont même devenus de vrais amis.
Je prend du plaisir à m’entraîner, j’accepte l’échec mais je continue à me challenger. Non plus pour faire baisser le chiffre sur la balance, mais par amour du sport.
J’ai continué la course à pied, mais j’ai aussi changé de mindset.
Récemment j’ai découvert les Spartan Race, je t’en parle ici.
Je surf plusieurs mois par an (quand il ne fait pas trop froid) …
Je me suis reconnectée au côté ludique et fun du sport.
Enfin je me suis formée comme prof de yoga, même si ce n’est pas à proprement parler du sport, mais plutôt une méditation en mouvement.
Bref, je fais certainement encore plus de sport qu’il y a quelques années mais ma relation au sport n’a plus rien à voir :
J’ai déconstruit une relation toxique pour en reconstruire une plus solide, plus saine, plus durable.
Voilà, je pense que tu sais tout (ou presque).
Sache que je te partage tout ça aujourd’hui non pas pour que tu me félicites de ce parcours, pas non plus pour que tu me dises que “mais non t’inquiète, tu es bien comme tu es”.
Mais plutôt pour t’amener peut-être à réfléchir à ta propre relation au sport (peut être à la nourriture, peut-être à ton corps).
Je te souhaite de t’entourer de personnes bienveillantes, qui ne te jugent pas, qui t’encouragent, qui te tirent dans la bonne direction.
On a tous des histoires, des blessures, des démons …
Le sport est une thérapie incroyable, une expérience de vie, à plein d’égards, et je te souhaite de le vivre pour ce qu’il t’apporte vraiment.
Et pour 2023 ?
Après une relation de compensation, de nécessité, d’addiction avec le sport …
Ces trois dernières années m’ont permises de retrouver du plaisir (de me dépenser, progresser, m’entourer avec des gens qui me ressemblent) et du bien-être* (dans mon corps, dans ma tête).
*à ne pas confondre avec le bien-paraitre …
Alors maintenant que je pense avoir des bases solides, j’ai envie de me fixer des objectifs, de sortir de ma zone de confort, de dépasser mes limites …
2023 sera sous le signe des challenges et, j’espère, de la performance 😉
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